Maquis Georges Guingouin

La Résistance est née du refus d'hommes et de femmes d'accepter l'occupation de la France par les Allemands, de la volonté de combattre le nazisme et le régime collaborateur instauré par Pétain, de rétablir la République, sa devise : Liberté- Égalité-Fraternité, et rétablir ses valeurs démocratiques.

GEORGES GUINGOUIN

Georges Guingouin est né en 1913 à Magnac-Laval, dans le nord de la Haute-Vienne. Son père est tué en août 1914 à la bataille de Bapaume ; il est élevé par sa mère, institutrice. Admis au concours de l'École Normale d'Instituteurs, il découvre un milieu étudiant, culturel, idéologique actif. En 1935, il est nommé instituteur et secrétaire de mairie à Saint- Gilles-les-Forêts et adhère au Parti Communiste. À partir de 1937, il est responsable du parti pour le secteur sud-est de la Haute-Vienne comprenant les anciens cantons d'Eymoutiers, de Châteauneuf-la-Forêt, de Saint-Germain-les-Belles et de Saint-Léonard-de-Noblat.

Mobilisé en 1939, il est affecté au secrétariat de son régiment à Rethel dans les Ardennes. En juin 1940, son régiment est replié. Lors d'un bombardement le 16 juin 1940, G Guingouin est blessé à la tête. Il est hospitalisé à Moulins d'où il s'enfuit le 18 juin pour ne pas être fait prisonnier par les Allemands. Ceux-ci mettent le pays en coupe réglée dans tous les domaines économiques, sociaux, financiers, en imposant à notre pays de lourdes redevances et l'obligation d'assurer le fonctionnement de leur armée d'occupation .

S'appuyant sur les  accords de collaboration du 27 juin 1940, puis sur les pleins pouvoirs qui lui ont été accordés le 10 juillet par le Parlement, Pétain devient Chef d'État, supprime la République et les libertés, supprime les associations et la liberté de presse, met en place des réglementations économiques très dures dans le cadre de sa politiques de Ravitaillement…

Revenu fin juin1940 à Saint-Gilles-les-Forêts, Guingouin reprend contact dès juillet avec certains de ses camarades communistes avec lesquels il commence à se réorganiser « en groupes de trois ». Fin juillet, il a reconstitué sur son secteur l'ossature du Parti communiste clandestin et début août il édite un appel explicatif destiné aux militants. A la rentrée scolaire de septembre, il reprend son poste d'instituteur mais sera révoqué en octobre pour « menées communistes ».

Commence alors un militantisme politique illégal : Georges Guingouin recopie  ou écrit des textes pour contrer la propagande du régime instauré par Pétain, et dénoncer les privations imposées à  la population. Des militants distribuent textes, tracts et papillons lors des foires et marchés. Ces papillons deviennent les premières armes des opposants clandestins.

Des responsables de son parti sont recherchés au niveau national et doivent vivre sous une fausse identité : Georges Guingouin, détient les cachets de la mairie et leur établit de « vrais » faux-papiers. En février 1941, un responsable communiste de Clermont-Ferrand sera arrêté à Châteauroux muni de ces faux papiers et de documents. L'enquête se dirige sur Georges Guingouin qui échappe aux policiers et à leur préfet venu spécialement pour cette arrestation. Recherché par la police, il est condamné par contumace – c'est le début d'une longue séries de condamnations – par la justice française et devra dès lors, vivre en « hors la loi ». En avril 41 pour échapper à la justice, il « passe » en Corrèze à Soudaine la Vinadière où avec ses amis Cueille, il creuse une cache. Vite découverte le 1ermai, il revient en Haute Vienne, à Peyrat le Château, Eymoutiers, Saint Anne St Priest et surtout Domps… allant de familles amis et fidèles en planques, couchant souvent dans la nature, dans des granges, se déplaçant constamment.

Georges Guingouin, grâce au matériel de reproduction caché chez Léon Anita dispose ainsi de l'un de « la dizaine de matériel d'impression de la zone Sud » ; il recopie des Humanités ou écrit des textes pour contrer la propagande du régime instauré par Pétain qui collabore avec l'occupant nazi. Il imprime jusqu'à 1200 exemplaires par semaine, en liaison avec les structures départementales du Parti Communiste clandestinement. Une véritable chaîne de militants organisent ce « service de presse clandestin» dont fera partie, avant son arrestation par la police française de Vichy, le jeune Henri Lagrange. 

Des militants distribuent anonymement ses textes et tracts dans la population. En même temps ils recherchent des armes : fusils laissés à la Débâcle ou fusils de chasse. Ces premiers opposants vont être victimes de répression. Certains sur dénonciation sont arrêtés en octobre 1941 ; ils iront dans des camps d'internement ou en prison.

Georges Guingouin est obligé de s'éloigner et part en Corrèze. Il revient à l'automne 1942 dans son secteur haut-viennois.

Fin 1942, les Allemands occupent entièrement la France. Les paysans sont ici nombreux à vivre sur de petites parcelles, et subissent des réquisitions sur leurs productions indispensables : céréales, foin, bétail, produits alimentaires. La nécessité de recourir à la lutte armée conduit Georges Guingouin et une équipe de Résistants à organiser une expédition dans une mine à Saint-Léonard-de-Noblat (Puy les Vignes) pour se procurer de la dynamite afin d'augmenter la fabrication des bombes artisanales. Celles-ci ont déjà servi à faire sauter la botteleuse à foin située à Eymoutiers près de la gare. Ce sera le début de la destruction du matériel agricole pour nuire à l'économie nazie. Fin 1943, Georges Guingouin prend des arrêtés pour fixer les prix des produits agricoles de manière à empêcher le marché noir et la vente aux Allemands. Ces arrêtés sont signés « Le Préfet du maquis : Georges Guingouin ». Cette mesure entraîne sa popularité dans la petite paysannerie.

Le Service du Travail obligatoire (STO), institué par Pétain début 1943, oblige les jeunes de 20 ans à partir travailler en Allemagne. Cette mesure est mal accueillie sur ce territoire où les bras sont nécessaires pour travailler la terre et donc survivre. Certains refusent de partir malgré les recherches policières et les représailles contre leurs familles. Ils doivent se cacher et cherchent à rejoindre Georges Guingouin déjà clandestin. Commencent des actions nuisant au transport des appelés en Allemagne. A Eymoutiers, le viaduc ferroviaire de Bussy est dynamité le 13 mars.

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C'est ainsi que naît le maquis autour de Georges Guingouin, dans le massif de la forêt de Châteauneuf, 2 500 ha répartis sur quatre communes. Maquis de plus en plus important en hommes : de 5 fin mars 1943 à près de 150 en septembre, il est en juillet 1944 fort de 3 000 hommes. De plus en plus important en armement et en actions, il est redouté par les Allemands qui nomment le secteur la « Petite Russie ». Par deux fois en 1944, les Allemands viennent pour éliminer ce maquis. La division Brehmer après avoir semé la terreur et commit des massacres en Dordogne et en Corrèze arrive le 6 avril à Eymoutiers et Châteauneuf-la-Forêt. Elle ne trouve pas le maquis qui, faute de forces suffisantes, s'est réfugié en Creuse, dans la forêt de La Feuillade. Les Allemands arrêtent à Neuvic-Entier et Châteauneuf-la-Forêt trois résistants dénoncés. 40 juifs à Châteauneuf-la-Forêt et 50 à Eymoutiers sont alors raflés. Le plus souvent, ce sont des réfugiés alsaciens, assignés à résidence dans ces villages. Juifs et résistants arrêtés sont déportés dans les camps de la mort nazis.

Le soir du 9 juin, des éléments de la division Das Reich rentrent de Guéret, libérée par la Résistance creusoise, mais que les Allemands viennent de reprendre. Ils viennent de massacrer à Combeauvert 29 résistants creusois. Le chef de la division, Helmut Kämpfe, rentre alors seul à Limoges avec sa voiture particulière, en avance sur sa troupe. Aux abords de Saint-Léonard-de-Noblat, à La Bussière, il tombe par hasard sur un camion de maquisards dirigé par le sergent Canou qui revient au même moment d'un sabotage. Obligé de s'arrêter, Kämpfe est fait prisonnier et vite embarqué par les Résistants qui avertissent Georges Guingouin. Les recherches lancées par les hommes de la Das Reich resteront vaines. C'est le plus haut gradé nazi tombé aux mains de maquisards. Ce même 9 juin, une automitrailleuse de la Das Reich est capturée à Sainte-Anne-Saint-Priest. Fin juin, Georges Guingouin est nommé chef départemental des Francs-Tireurs et Partisans Français (FTPT).

La seconde venue des Allemands a lieu du 17 au 24 juillet 1944. L'armée, comprenant des SS sous les ordres d'Otto-Ernst Ottenbacher, avec le soutien de la Milice de Limoges, tente d'encercler le maquis de Guingouin. Ils veulent pour la seconde fois détruire ce maquis qui vient de recevoir à Sussac le 14 juillet, en plein jour, un important parachutage des Alliés. Les maquisards renforcés par les « légaux » armés parviennent, après un combat frontal de 36 heures au Mont Gargan (Saint-Gilles-les-Forêts), combiné à des actions de guérilla, à empêcher les Allemands de parvenir à Sussac, PC du colonel Guingouin et point d'entrée dans le maquis de la forêt de Châteauneuf. Celui-ci a pu grâce à sa mobilité, sa connaissance du terrain et au courage de ses combattants, contenir l'adversaire et éviter d'être anéanti. Ce fut au prix de trente-huit maquisards tués, cinquante-quatre blessés et cinq disparus. Du côté allemand, d'après des témoignages de l'époque, les pertes furent plus importantes, sans que les archives permettent, à ce jour, de les comptabiliser. À la suite de ces combats, Georges Guingouin et son maquis acquièrent une certaine notoriété.

Début août 1944, G. Guingouin est nommé chef des Forces Françaises de l'Intérieur (FFI) de la Haute-Vienne et dirige les combats d'encerclement de Limoges. Le général Gleiniger est contraint d'accepter la reddition sans condition. Le 21 août vers 20h, les Résistants entrent à Limoges par la route de Toulouse, acclamés par la foule en liesse.

Georges Guingouin est l'une des 1038 personnes nommées Compagnon de la Libération par le Général de Gaulle.

Georges Guingouin

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